Après 20 ans, enfin des élections en Birmanie. mais...

Publié le par Jacques de Jonquière (Québec) à 14:30

Jonquière, Québec

 

AUNG SAN SUU KYI  Birmanie - Élections 2010

À l'élection de 1990, elle remportait la victoire, mais...

À celle de 2010, elle ne pourra pas y participer activement...

 

 

 

En juillet 2009 dernier, mon dernier texte sur la situation politique en Birmanie se terminait ainsi :

 

" Au niveau politique, peu de choses semblent avoir changé depuis trois ans : la junte militaire est toujours au pouvoir, la leader de l'opposition, toujours en assignation à résidence et sous le coup d'un nouveau procès.

Et même si la junte a promis des élections libres pour 2010, rien n'est moins sûr.

On verra bien ! "

 

On sait à présent que des élections auront lieu en novembre prochain et que la leader de l'opposition sera toujours assignée à résidence.

 

Mais quel sort réservera-t-on à ces élections? Déjà plusieurs événements survenus depuis janvier dernier, laissent planer des doutes sérieux sur leur qualité démocratique. Les militaires semblent vouloir tout contrôler.

 

Une répétition de ce que furent les élections de 1990 ?

 

Avant de nous pencher sur les événements qui ont défrayé les manchettes depuis janvier dernier, j'ai pensé vous offrir un excellent document qui nous présente une vue globale de la situation politique et économique en Birmanie.  Il provient de la télévision française et je l'ai trouvé sur Youtube.

 

 

Pour mieux comprendre

la situation politique et économique en Birmanie

 

  Résistance, business et secret nucléaire

 

 

 

Pour poursuivre la réflexion, voici les principaux événements qui se sont déroulés en Birmanie depuis janvier 2010.

 

Tous ces textes proviennent du site INFO BIRMANIE 

 

 

  VERS LES ÉLECTIONS DE NOVEMBRE 2010 !!!

 

 

ACTUALITÉS BIRMANES 

DE JANVIER À JUILLET 2010

 

 

JANVIER 2010

 


than-shwe  Le 4 janvier 2010 – date d’anniversaire de l’indépendance en Birmanie – le Général Than Shwe a annoncé que « la nouvelle constitution a été massivement approuvée par le peuple. Les  plans sont en cours pour organiser des élections de façon systématique cette année. A cet égard, le peuple tout entier doit faire le bon choix ». (...)


Les généraux ont maintenu le flou autour de cette date tout en avançant sur leurs propres plans. (...)


Le régime ne considère pas les élections de 2010 comme une stratégie de sortie mais veut l'utiliser comme une base justifiant sa domination à long terme sur le système politique de la Birmanie. Après les élections, la Constitution 2008 entrera en vigueur et les militaires continueront à dominer tous les aspects de la vie politique et sociale dans le pays.


Les leaders de l'opposition démocratique et la société civile de la Birmanie ont appelé le régime à remplir certains critères de base afin que les élections soient un pas vers la démocratisation:

(1) la libération de tous les prisonniers politiques,

(2) la cessation des attaques contre les groupes ethniques et

(3) le dialogue avec toutes les parties prenantes pour une révision de la Constitution.

 

La communauté internationale a déjà énuméré ces demandes dans une Résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies votée la veille de Noël 2009. Si le régime ne respecte pas ces demandes, les gouvernements doivent s'engager à ne pas reconnaître le résultat des élections de 2010. 

 

*****

 

 

Les medias birmans ont été interdits de publier des informations sur l’organisation des partis politiques avant les élections. Il est notamment interdit de parler des élections avant la promulgation de la loi électorale et donc l’annonce de la date des élections. 

 

 

 

FÉVRIER 2010

 

 

En libérant Tin Oo, vice-président de la Ligue Nationale pour la Démocratie de Madame Aung San Suu Kyi, le régime militaire birman a une nouvelle fois cherché à contenter une communauté internationale toujours tentée de reconnaître les gestes de bonne volonté d'un régime qui compte pourtant parmi les plus brutaux de la planète. La levée de l'assignation à résidence du militant de 83 ans, en détention depuis 2003 pour subversion politique, ne peut être qu'une bonne nouvelle.

 

Mais si le numéro 2 du principal parti d'opposition est désormais libre, Aung San Suu Kyi ne connaîtra pas le même sort. (...)

 

L'enjeu électoral a récemment mobilisé toute la stratégie de généraux passés maîtres dans l'art de souffler le chaud et le froid. La libération de Tin Oo, survenue le 13 février, n'a pas empêché le régime de condamner quatre opposantes birmanes à deux ans de prison le jour même de l'arrivée à Rangoun du Rapporteur de l'ONU sur les droits de l'homme en Birmanie, M. Tomas Ojea Quintana. En les condamnant ce 15 février aux travaux forcés, le régime a cherché comme toujours à tester les réactions de la communauté internationale pour savoir jusqu'où il pouvait aller. Il faut espérer qu'en privant Aung San Suu Kyi de tout rôle au moment des élections il soit désormais allé trop loin." 

 

 

 

MARS 2010

 

* La loi électorale promulguée

 

Le pouvoir militaire a annoncé dans les médias officiels le contenu des cinq lois promulguées le 08 mars, relatives aux élections promises par la junte pour cette année. Parmi les décisions prises par la junte figurent :
 

 

a/ l'interdiction pour les prisonniers politiques d'appartenir à un parti : la junte a en effet interdit toute personne ayant été condamnée par la justice d’appartenir à un parti politique et oblige ce dernier à exclure les membres déjà condamnés; une mesure qui contraint la LND à exclure Mme Suu Kyi qui purge une peine de 18 mois de résidence surveillée. A défaut d'obéir à cette loi, le premier parti de l'opposition serait dissous.
 

 

b/ la création d’une commission chargée des élections législatives : selon la "Loi sur la commission électorale de l'Union", signée du généralissime Than Shwe, l'organe sera composé de cinq personnes au moins, désignées par le Conseil d'Etat pour la Paix et le Développement (SPDC, nom officiel de la junte). Chaque membre devra avoir plus de 50 ans, être "considéré par le SPDC comme une personnalité éminente", avoir "intégrité et expérience", faire preuve de "loyauté envers l'Etat et ses citoyens" et ne "pas être membre d'un parti politique".
 

 

c/ l’annulation des résultats de l'élection de 1990, remportées par l’opposition, jamais reconnus par la junte : "Le résultat des élections démocratiques pluripartites, tenues en vertu d'une loi qui a été supprimée, est automatiquement aboli car il n'est pas en accord avec la constitution", selon une clause publiée par les médias gouvernementaux. La Ligue nationale pour la démocratie avait infligé un camouflet à la junte il y a vingt ans, en remportant 392 des 485 sièges en compétition.
 

 

La justice refuse d’examiner la demande de l’opposition sur les nouvelles lois électorales. La cour suprême birmane a refusé d’examiner l’action menée par la LND, visant à faire annuler les lois qui empêchent à ses principaux opposants de se présenter aux prochaines élections. La plus haute juridiction du pays a expliqué ne pas avoir la compétence pour juger la plainte, a expliqué le juriste Kyi Win. Cette action judiciaire apparaît largement symbolique car les tribunaux sont toujours inféodés aux décisions de la junte militaire, en particulier en matière politique.
 

 

* La Ligue nationale pour la démocratie (LND) renonce à l’enregistrement de son parti
 

 

Aung Suu KyiLa Ligue nationale pour la démocratie a annoncé le 29 mars qu'elle renonçait à se faire enregistrer pour les élections à cause des nouvelles lois passées par les militaires, qui l'obligent à exclure sa fondatrice et dirigeante Aung San Suu Kyi.

 

La Ligue assure que la partie n'est pas finie. Elle "va continuer sa poursuite, par des moyens pacifiques, de la démocratie et des droits de l'Homme, avec le soutien, la compréhension et l'aide de la population, des ethnies et des forces démocratiques", a promis son vice-président, Tin Oo.

 

Quelques jours auparavant, Aung San Suu Kyi avait dénoncé la loi électorale interdisant à toute personne reconnue coupable d’infraction majeure de s’affilier à un parti politique, la qualifiant d’"injuste", a indiqué le 23 mars son avocat. Mme Suu Kyi "dit qu'elle n'acceptera jamais l'enregistrement (du parti) sous des lois injustes", a déclaré Nyan Win, avocat et porte-parole de la LND. "Mais son attitude personnelle n'est pas de donner des ordres ou des instructions à la LND. Elle a demandé à la LND de décider démocratiquement", a-t-il ajouté, laissant entendre que la décision finale devrait dépendre du vote des membres du Comité central exécutif du parti. 

 

*****


Éditorial de l’équipe d’Info Birmanie


" Au cours des derniers mois, l’annonce de la tenue d’élections par la junte militaire au pouvoir avait été accueillie par la communauté internationale comme une avancée permettant l’instauration d’une démocratie. En effet, le peuple birman attend ce rendez-vous électoral depuis 20 ans. Bien que les activistes soutenant le mouvement démocrate birman encouragent la mise en place d’un processus électoral, beaucoup d’entre eux dénoncent la « parodie de démocratie » mise en scène par la junte militaire.

 

Les nouvelles lois électorales promulguées ce mois-ci par les généraux sont en effet une vaste farce : l’une des lois prévoit l’interdiction de participation des leaders religieux, des dissidents et des prisonniers politiques. Cette interdiction concerne plus de 2000 personnes : membres du parti démocrate, syndicalistes, moines et nonnes, journalistes… mais aussi Aung San Suu Kyi.
 

 

La promulgation de ces lois coïncide avec le rejet de la Cour Suprême de l’appel d'Aung San Suu Kyi contestant la légalité de sa détention. Cette décision confirme la prolongation de dix-huit mois de son assignation à résidence et démontre clairement une volonté politique d’exclure du processus électoral la chef de file de l'opposition démocratique ainsi que toute autre personne ou parti
pouvant menacer le maintien en place du gouvernement actuel.
 

 

La Ligue Nationale pour la Démocratie faisait donc face à un terrible dilemme: exclure Aung San Suu Kyi de ses rangs afin de pouvoir participer aux élections ou refuser ces conditions, encourant le risque de dissolution du parti. Le 29 mars, la LND a annoncé son refus de participer à des élections qu’elle considère injustes et anti-démocratiques. En effet, quelle légitimité ces élections peuvent-elles avoir si les principaux leaders démocratiques et la figure de proue de l’opposition
Aung San Suu Kyi ne peuvent pas être candidats ?
 

 

Bien que nombre d’Etats déplorent les restrictions imposées par les généraux et respectent la décision du LND de ne pas participer à cette mascarade, aucun ne semble prendre la mesure des risques que représente la tenue d’élections dans de telles circonstances.
 

 

Ce simulacre d’avancée démocratique va permettre aux militaires de légitimer leur pouvoir. Il va valider la ratification d’une constitution légalisant l’étouffement des libertés politiques de tout un peuple. Il va mettre en place un parlement impuissant n’ayant d’autre fonction que de dissimuler le maintien du statu quo, c’est-à-dire l’assise d’une dictature militaire parmi les plus atroces au monde. La communauté internationale va-t-elle encore une fois déplorer cette situation ou va-t-elle enfin prendre la mesure de l’urgence ? "
 

 

AVRIL 2010

 

Le gouvernement birman a déclaré que de nouveaux partis politiques s’étaient inscrits aux élections prévues cette année (...)

 

Parmi les 23 partis enregistrés, seulement 4 étaient formés au moment des précédentes élections de 1990 : la Mro Khami National Solidarity Organization, le National Unity Party, la Union Karen League et le Lahu National Development Party.


Le National Unity Party, connu à l’époque sous le nom de Burma Socialist Programme Party et mené par le dictateur Ne Win, était arrivé quatrième aux élections, avec 10 sièges.

 

Les 6 autres partis formés au moment des élections de 1990 ont déclaré ne pas souhaiter participer en raison de la récente loi électorale et de la Constitution de 2008, qui renforcent le pouvoir du régime militaire birman. Les partis leaders devant le National Unity Party en 1990 était la LND avec un raz-de-marée de 392 sièges, la Shan Nationalities League for Democracy (23 sièges), et la Arakan League for Democracy, avec 11 sièges.


Concernant les 19 autres partis enregistrés et n’ayant pas participé aux élections de 1990, il s’agit soit de partis de minorités ethniques, soit de partis sympathisants ou affiliés à la junte militaire.

 

 

 

MAI 2010

 

Le 6 mai, la Cour Suprême a rejeté les requêtes déposées contre Than Shwe au nom d’Aung San Suu Kyi et de la LND, demandant l’annulation d’une disposition de la loi électorale qui oblige le parti à se séparer de son chef de file afin de pouvoir participer aux premières élections organisées depuis vingt ans dans le pays.

 

***** 

 

le premier ministre Thein Sein et 25 autres leaders de la junte ont démissionné de leurs postes gouvernementaux afin d’intégrer l’Union Solidarity and Development Party (USDP). Ce parti nouvellement formé permettrait aux représentants de la junte de se présenter aux prochaines élections sous couverture civile.

 

De plus, l’organisation pro-junte chargée de faire campagne pour l’USDP - la Union Solidarity and Development Association (USDA) – tente d’acheter des votes auprès du peuple birman.

 

Dernier exemple en dates avec les Rohingyas d’Arakan alors même que les autorités ne leur reconnaissent aucun droit, ne les considérant pas comme des citoyens birmans. A l’instar du référendum constitutionnel de 2008, les Rohingyas se voient aujourd’hui promettre des cartes d’identités temporaires leur permettant de voter et de se déplacer librement dans l’Etat d’Arakan.

 

 

 

JUIN  2010

 

L’USDP, parti dirigé par le Premier ministre actuel, Thein Sein, a déjà officieusement commencé sa campagne dans plusieurs Etats et Divisions, alors que les autres partis enregistrés sont obligés d’attendre l’approbation officielle de la junte. 


*****

 

Au cours d’un entretien avec Nyan Win, son avocat, Aung San Suu Kuy a déclaré que « tout comme les Birmans ont le droit de voter, ils ont aussi le droit de ne pas voter ». Bien que cette phrase puisse être comprise comme un appel au boycott des élections, Nyan Win n’a pas souhaité donner plus de détails. Après avoir rendu public les propos de Suu Kyi, Nyan Win a reçu l’ordre de la junte de ne plus relayer les opinions de la leader de l’opposition au sujet des élections.

 

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La Commission électorale a averti les partis politiques enregistrés qu’ils devaient soumettre une liste prouvant qu’ils revendiquent un nombre suffisant de membres. Selon la loi électorale, les partis faisant campagne à l’échelle nationale doivent posséder au moins 1000 membres, tandis que ceux qui participent à l’élection dans un seul Etat ou à l’échelle régionale auront besoin de 500 membres. Les partis sont dans l’obligation de fournir leur liste dans les 90 jours suivants leur inscription. Au moment de remplir les documents d’inscription, chaque parti a dû approuver cette loi et donc prendre le risque d’une future dissolution, au cas où ce quota ne serait pas respecté.

 

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Suite à la répression des manifestations de 2007, le ministre de l’Information Kyaw Hsan avait déclaré que le régime combattrait les médias par les médias. A la veille des élections générales, les stratégies de propagande pour combattre les médias internationaux ou en exil s’accentuent. L’une d’entre elles consiste à soutenir les journaux privés ou semi-privés dont les propriétaires sont proches du pouvoir.

 

 

 

JUILLET 2010

 

D’anciens membres de la LND ont été autorisés à former un nouveau parti politique pour participer aux élections, rapportent les médias officiels. Les activistes ont obtenu la permission de créer la « Force Nationale Démocratique », nom choisi pour leur nouveau parti. « C’est une victoire pour le peuple […] Je suis heureux pour les Birmans car nous pouvons officiellement nous battre pour la démocratie » a déclaré Khin Maung Swe, un des leaders du nouveau parti. Le comité central sera formé dans les semaines à venir.

 

*****

 

Prolongeant la tendance actuelle, les partis politiques étant sur la même ligne que le régime militaire essayent de sécuriser les votes des citoyens pour les prochaines élections en promettant le développement de projets de travaux publics. Les représentants de l’USDP disent aux habitants que le parti va construire et paver des routes en échange de leur enrôlement au sein du parti et de rassembler chacun 15 votes en faveur du parti. 

 

*****


La Commission électorale a publié un premier ensemble de lois concernant la campagne, qui restreint la liberté d'association et de réunion. Il est notamment stipulé que les partis politiques enregistrés doivent obligatoirement demander la permission à la Commission électorale pour tout discours ou rassemblement organisés hors de leur propre bureau.

 

 


  EN HOMMAGE À AUNG SAN SUU KYI

 

 

 

Publié dans Infos-Birmanie

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