Thailande...Coup d'État (Jour 4)

Publié le par Jacques Beaulieu à 22:42:04

Jonquière-Québec





C
OUP D'ÉTAT


AU JOUR LE JOUR...








JOUR 4


Une commission anti-corruption


Les militaires qui ont pris le pouvoir en Thaïlande ont désigné vendredi 22 septembre une commission de neuf personnes chargée d'enquêter sur les pratiques de corruption présumées, notamment du temps du Premier ministre Thaksin Shinawatra.

"L'objectif est de réduire au plus vite la corruption parmi les fonctionnaires et les hommes politiques, mais pas particulièrement les ministres du précédent gouvernement", a expliqué à Reuters le juge de la Cour suprême Wicha Mahakhun.

Cette commission nationale accueillera dans ses rangs un spécialiste de la corruption, qui avait déjà enquêté sur Thaksin en 2001, et huit fonctionnaires, certains retraités, les autres toujours en activité.

Panthep Glanarongran, ancien chef d'une fondation royale pour le développement, a été nommé à la tête de ce groupe anti-corruption.

Les militaires ont par ailleurs limogé tous les membres de la commission de police que Thaksin présidait personnellement et ont nommé une nouvelle équipe dirigée par le directeur national de la police, qui a participé au putsch.

 

La recherche d'un nouveau Premier ministre

Le chef de l'armée de l'air, Chalit Phukpasuka, a souhaité que ce soit un juriste car il devra s'atteler à la réforme de la Constitution.

"Il faudrait un expert des questions juridiques car notre objectif est d'amender la Constitution. Quant à l'économie, un vice-Premier ministre peut s'en charger", a dit Chalit.

Des noms circulent - ceux de Supachai Panitchpakdi, ancien dirigeant de l'Organisation mondiale du commerce, du gouverneur de la banque centrale, Pridiyathorn Devakula, et du président de la Cour suprême administrative, Ackaratorn Chularat.

Un porte-parole du Conseil de réforme a précisé qu'une décision était proche, parlant d'une annonce d'ici un ou deux jours.

 
 
Investiture royale
 

Les auteurs du coup d'Etat de mardi en Thaïlande ont été officiellement investis ans leurs fonctions à la tête du pays, conformément à un décret royal, lors d'une cérémonie diffusée par la télévision.

En grand uniforme blanc de cérémonie, le chef de la junte au pouvoir, le général Sonthi Boonyaratkalin, s'est agenouillé devant un portrait du roi posé sur un autel fleuri, puis s'est incliné en signe de respect. Peu avant, un officier avait lu le décret royal nommant le général Sonthi à la tête de l'exécutif intérimaire, baptisé "Conseil pour la réforme démocratique sous la monarchie constitutionnelle".

Tous les autres officiers de la junte, également habillés de blanc, épée sur le côté, se sont inclinés ensemble devant le portrait du monarque Bhumibol Adulyadej, immensément révéré.


Menaces sur les médias

Les militaires ont menacé de fermer les médias qui violeraient de nouvelles réglementations, y compris l'interdiction d'appels d'auditeurs à la radio et des restrictions sur les sites Web et les SMS. Ces mesures limitent de fait la possibilité pour le public de s'exprimer dans les organes audiovisuels et sur Internet, mais ne s'appliquent pas aux journaux et à d'autres publications.

Les SMS et les émissions comprenant des appels d'auditeurs, ainsi que les [forums de] sites Web permettant aux visiteurs d'exprimer leurs idées et opinions, sont interdits à partir de vendredi.


Désarmement des gardes forestiers
 

Les militaires ont commencé à désarmer des milliers de gardes forestiers en possession de fusils dans les parcs nationaux du pays, a annoncé un responsable de l'armée.

Ces gardes forestiers travaillaient sous la direction de Yongyuth Tiyapairat, ministre des ressources naturelles et de l'environnement, considéré comme un proche de Thaksin Shinawatra. M. Yongyuth est l'un des quatre responsables de l'ancien gouvernement arrêtés depuis le putsch.

Dans le même temps, certaines troupes autour de la capitale Bangkok ont reçu l'ordre vendredi de se repositionner, a indiqué un porte-parole de la junte.

En dépit de l'interdiction de tout rassemblement, une centaine d'étudiants se sont retrouvés vendredi devant un grand centre commercial de Bangkok pour dénoncer le putsch. Ils ont brandi des pancartes "Non au coup d'Etat, Non à Thaksin" pour bien montrer que leur opposition aux militaires ne signifiait pas qu'ils apportaient leur caution au premier ministre renversé.

Source : Franco-Thai
 

Un témoignage paru dans Le Monde du vendredi, le 22 septembre
 

 


"Je suis français, marié et résidant en Thaïlande. Je travaille en tant que professeur de français pour une importante société française implantée en Thaïlande.


Mardi soir, tout était tranquille. Rien ne laissait présager ce qui allait survenir. A minuit, ma femme a reçu un appel de son frère. A 5 heures du matin, le mercredi, je me suis levé et suis parti travailler à Saraburi (80 km au nord de Bangkok).

A mon arrivée, mes collègues thaïs me demandent ce que je faisais là, tous les étrangers travaillant pour ma société étant restés chez eux suite au coup d'Etat. Incrédule, hésitant entre la peur et l'envie de rire face à une blague, j'ai dispensé mes trois heures de cours.

Au retour, je les ai vus : une dizaine de chars sur la voie rapide, en position d'attente, canon tourné vers le nord (vers la province), les gens montant sur les chars, apportant des fleurs et des vivres aux militaires, qui portaient tous le brassard jaune.

Jeudi, même situation. Pas de violence, juste la loi martiale imposée, pas de couvre-feu.

La vie continue à Bangkok et les informations s'accumulent : les militaires promettent de remettre le pouvoir au peuple avant quinze jours, nommant une commission d'enquête sur d'éventuelles malversations financières lors de la construction du nouvel aéroport. A la tête de cette commission, une civile reconnue comme étant particulièrement honnête, qui fut limogée par Thaksin il y a quelque temps pour avoir enquêté sur des faits similaires au sein des ministères.

Ce matin, les dix chars que j'avais pris l'habitude de voir en partant bosser ne sont plus que deux. La procession des gens nourrissant les soldats est toujours là.

Est-ce la guerre à Bangkok ? Non, absolument pas. La vie continue avec un petit sourire qui avait disparu depuis quelques mois et qui est revenu."

Olivier Ousmail, Bangkok, Thaïlande

 




Sources Photos :



 

Publié dans Infos-Thaïlande

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