Bali (9) ... Funérailles et crémation hindoues à Singaraja
Singaraja, Bali
12 juin 2012
L'arrivée sur le lieu de la crémation
"Les porteurs font tourner la tour à plusieurs reprises
pendant le trajet pour que l’esprit du mort
perde le chemin du retour et ne retrouve le village".
Le 12 juin 2012 fut l'une de ces journées de voyages qu'on n'oubliera jamais.
J'étais à Bali depuis déjà une semaine et j'avais visité en mototaxi trois zones importantes de l'île : les villages d'artisans près d'Ubud et le Temple de Besakih, la superbe route de Legian à Munduk, puis le village de Munduk et les environs de la plage de Lovina.
Leonk, mon conducteur de moto, m'avait offert d'assister aux funérailles de sa grand-mère, morte à 100 ans, une dizaine de jours auparavant. Un proposition que je m'étais empressé d'accepter.
Leonk est donc venu me chercher à mon hôtel, le 12 au matin vers 07h00, et c'est avec sa famille que j'ai passé la journée du 12, prenant, avec leur permission, de nombreuses photos.
On est allé d'abord rejoindre les membres de sa famille avant de nous rendre à la maison familiale de la grand-mère où son cercueil était exposé.
Comme les funérailles et la crémation sont des moments majeurs de la vie de tout balinais, j'ajouterai à mes photos, pour que l'on comprenne au mieux cette importante cérémonie, des informations tirées de deux sites web portant sur cet aspect important de la culture hindouiste balinaise.
Vous trouverez, à la fin de ce billet, une vidéo repérée sur Youtube et qui vous montrera une autre variation de ce même cérémonial funéraire accompagné d'une musique typique de l'île de Bali.
Bali
La seule île indonésienne hindouiste
"Si l’on ignore précisément comment les civilisations de l'Inde et de Ceylan ont réussi à s'implanter sur les rivages de l'archipel indonésien, on suppose qu’il existe plusieurs raisons à cette hindouisation : exil de princes, voyages de moines et de marchands, qui introduisirent la civilisation indienne. Puis les seigneurs des îles firent venir auprès d'eux des lettrés capables de les initier au sanskrit, au bouddhisme et à l'hindouisme. Les souverains et leur cour adoptèrent alors les structures sociales de l’Inde (castes), les philosophies (brahmanisme, hindouisme, bouddhisme) et l’écriture. Réputée inhospitalière, Bali vécut longtemps à l’écart, jusqu'à ce qu’une reine de Java, franchisse le détroit entre les deux îles pour épouser un prince et faire bénéficier Bali de l'influence hindoue de Java. Par rayonnement la société évolua vers les concepts de l'Inde. Mais l'islam se répand rapidement à travers l’île de Java, ce qui attire à Bali toute «l'intelligentsia». Bali devient alors le refuge de l’hindouisme. De nos jours, l'islam ne s'est toujours pas imposé à Bali, contrairement à ce qui s'est passé dans le reste de l'Indonésie, et l'influence hindoue y demeure. L'HINDOUISME À LA BALINAISE
L'hindouisme de Bali est très différent du rituel pratiqué en Inde, il repose sur des éléments sociaux propres à l’île et la mentalité de ses habitants l’a remodelé. On y retrouve certes le culte d’un dieu suprême et les trois grandes divinités hindoues (trinité regroupant Vishnu, Shiva, et Brahmâ), mais cette religion se rapproche d'une religion animiste car en dehors de cette trinité, les Balinais adorent diverses divinités des montagnes, de la mer et des rivières, des dieux propres à chaque village, chaque maison. De plus, pour les balinais, l’île et la mer sont peuplées d’êtres surnaturels, esprits ou démons. Les autres grands principes que l'on trouve en Inde existent aussi à Bali, mais adaptés et moins contraignants. Le système des castes par exemple n'a pas la rigidité de celui de l'Inde. Mais surtout, les balinais ont spiritualisé toutes les manifestations de la nature et de la vie, chaque geste, chaque événement de la famille ou du village, a une importance magique ou religieuse. Tous les grands événements de la vie sont marqués par des cérémonies religieuses. Chaque jour, les dieux reçoivent leurs offrandes, il y a les fêtes au temple, les rites de purification, les processions, les danses, les crémations. LE RITE SACRÉ DE LA MORT Façonnés par l'hindouisme, les Balinais savent que leur vie s'inscrit dans le grand cycle des renaissances qui mène l'âme purifiée vers la paix du ciel. Mais ici, la mort n’est pas aussi tragique qu’en Inde et la crémation n'a rien à voir avec nos enterrements. Il s’agit d’une fête qui concerne l’ensemble du village, le disparu appartenant à la communauté. L’incinération, en réduisant en cendres le corps du défunt permet à l'âme immortelle qui erre sur terre de poursuivre son chemin, libérée de son enveloppe charnelle, et de renaître sous une nouvelle forme. Si l'habitude d'incinérer le mort vient de l'hindouisme, les balinais en donnent un caractère différent de l'Inde; en croyant en la force purificatrice de l'eau et du feu : pour que l'âme puisse accéder à l’au-delà, il faut que les cendres soient dispersées dans la mer ou dans une rivière." Source : Bali : Rite sacré, une crémation dans la jungle |
Avant la crémation ...
À la maison familiale
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"Chaque famille balinaise est responsable de ses défunts et doit assumer la crémation de ceux-ci et selon la croyance, s’ils ne le font pas cela risque d’attirer de graves ennuis à eux et au défunt. À Bali, lorsqu’un décès a lieu le défunt est très rapidement enterré dans un Pura Dalem, un lieu que l’on pourrait qualifier de temple de la mort. Il faut parfois très longtemps avant que la famille n’ait assez d’argent pour payer la crémation c’est pourquoi certaines personnes restent en terre plusieurs années(...) Cependant, toutes les familles ne sont pas capables de payer. C’est pourquoi ils pourront faire incinérer leurs morts lors des crémations de personnes importantes ou royales. Seuls les riches sont incinérés peu de temps après leur décès. Les prêtres étant les gens appartenant à la caste la plus haute ne sont jamais enterrés. Leurs familles les conservent dans leur propre maison jusqu’à avoir rassemblé l’argent pour l’enterrer. Avant l’enterrement, différentes cérémonies ont lieu pour que le corps du défunt soit purifié. Des offrandes et de la nourriture sont également placées à proximité de la tombe. Cette période qui précède Ngaben (la cérémonie de la crémation) est très mal vécue par la famille, car ils croient que durant cette période, l’âme du défunt est prisonnier et ne peut pas encore aller au ciel". Source : Les traditions funéraires balinaise: funéraille et crémation "Cérémonie très onéreuse (certaines crémations coûtent le prix d'une voiture ou d'une maison et représentent toute une vie d’économie), la crémation est souvent collective et a lieu plusieurs mois, voire plusieurs années après le décès. Mais l’incinération est un devoir sacré et personne ne s'y dérobe. Dès que la famille a réuni les fonds nécessaires, le village tout entier prépare le sarcophage et la tour, qui s'en iront en fumée avec le corps. La tour (ou bade), symbole du cosmos, repose sur une tortue qu'enlace un naja. La base représente la montagne du monde et le toit la montagne du ciel, le mort se trouve ainsi placé entre ciel et terre. Cette tour de bambou, couverte de tissu, d’étoffes, de papiers colorés et de morceaux de miroir indique, par sa richesse et par le nombre de ses toits, l'importance du défunt (les castes inférieures n’ont droit qu’à un seul toit). La date de la crémation est choisie par les astrologues, puis fixée par le prêtre (ou pédanda). Le corps est ramené du cimetière et déposé à l'intérieur de la cour de la maison familiale où s'amoncellent les offrandes. On dispose dans le cercueil des mets et des objets qui le préserveront des mauvais esprits. Le défunt est couvert de pétales de fleurs, de riz, de parfums. Le prêtre récite de longues prières dans un profond recueillement". Source : Bali : Rite sacré, une crémation dans la jungle |
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L'accueil des parents, des amis et des gens du village
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Dans la cour intérieure de la maison familiale, le cercueil est exposé
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On fraternise sur fond de musique balinaise
Trois générations : Leonk avec son père et son fils
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Période de recueillement avec l'arrivée du prêtre
En route vers le lieu de la crémation...
Le cortège funèbre
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"Quelques dizaines d'hommes arrivent au son du gamelan (instrument à percussion), saisissent le cercueil et le hissent en haut de la tour de bambou pour transférer le corps sur le lieu de la crémation. Source : Bali : Rite sacré, une crémation dans la jungle |
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La tour funéraire et le cercueil
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Il y avait deux crémations en ce 12 juin 2012. Ici on attend l'arrivée de l'autre famille.
La cérémonie de la crémation
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"Sur le lieu de la crémation, le prêtre récite les formules sacrées et arrose une dernière fois la dépouille qui quitte la tour pour le sarcophage. Le sarcophage prend toujours la forme d'un animal, selon la caste c’est un taureau (Brahmanes), un lion ailé ou un poisson-éléphant. Les parents et les amis jettent des sous pour payer la rançon destinée au dieu de la mort. Le prêtre récite les ultimes prières, on met ensuite le feu au sarcophage et à la tour. Pour les balinais, l’âme n’est pas contenue dans le corps, elle est partout. L’incinération est le moment ou l’âme prisonnière du corps s’évade, il faut donc que le corps soit entièrement brûlé. Alors que la famille nourrit les invités, le village entier regarde le brasier se consumer jusqu'à ce qu'il n'en subsiste que des cendres. Lorsque le bûcher est éteint, la famille recueille les cendres". Source : Bali : Rite sacré, une crémation dans la jungle |
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L'arrivée sur le lieu de la crémation
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Dernières prières avant la crémation
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La crémation
La tour et le cercueil seront à leur tour brûlés
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La cueillette des cendres
Toute la famille participe à la cueillette des cendres
Toute la famille participe au broiement des ossements
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Recueillement et prières devant les cendres
C'est ici qu'on transportera les cendres et les ossements
La purification finale ...
Sur la plage de Singaraja
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"Après la crémation, a lieu la purification finale (...) Lors de cette cérémonie, les cendres du défunt sont placées dans un linge blanc et jaune et transporté au bord de la mer (et si la mer est trop loin le long d’une rivière qui finira par les amener au large). Lors de la crémation, l’âme du défunt est purifiée par le feu ce qui lui permet de partir au ciel (où la vie est similaire à celle de Bali sans les problèmes et les maladies), mais le fait de mettre les cendres dans l’eau permet de libérer l’âme complètement de manière à ce qu’elle puisse entrer dans la phase de réincarnation". Source : Les traditions funéraires balinaise: funéraille et crémation |
Temple sur le bord de la mer où l'on s'est rendu
en un cortège d'automobiles, pickups et motos
Et pour conclure...
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À la fin de cette journée, Leonk m'a ramené à mon hôtel, puis il est reparti retrouver sa famille. La vie, pour eux tous, pouvait maintenant reprendre son cours normal.
Pour une autre expérience indonésienne des funérailles
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Merci à Leonk de m'avoir permis de participer avec sa famille à la crémation de sa grand-mère, cette cérémonie essentielle de la vie de tout balinais et, surtout, de m'avoir aidé à mieux comprendre le sens profond de tout ce rituel hindouiste/balinais. Voici les coordonnées de ce guide si vous avez besoin d'un guide pour vous faire découvrir Bali., en moto ou en auto. Leonk's Transport Driver (auto ou moto) Mobile Phone : 081 557 156 47 E-mail : leonks71@hotmail.com Web : www.balileonkstour.blogspot.com Facebook : Putu Sariada (Leonk's) |