Québec-Été 2020 (1) ... Une tournée du Saguenay-Lac-Saint-Jean / Charlevoix

Publié le par Jacques B de Jonquière (Québec) à 11:35

Saguenay / Lac-Saint-Jean / Charlevoix, Québec
D'août à octobre 2020

 

LE DRAPEAU DU SAGUENAY-LAC-ST-JEAN

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Le drapeau du Saguenay–Lac-Saint-Jeanadopté en 1938 lors du centenaire de la naissance de la région, est symétrique et fait appel à quatre couleurs, il représente symboliquement les éléments qui ont forgé notre histoire et qui continuent d’esquisser notre avenir…

  • La forêt, notre grande richesse, est symbolisée par le vert feuille des deux rectangles supérieurs.
     
  • L’agriculture est représentée par les rectangles jaune doré qui sont en bas, comme le sol qui porte et produit la vie.
     
  • L’industrie et le commerce, dont les rôles se complètent et dont l’activité s’étend à tous, sont représentés par le gris argent, croisant tout le champ du drapeau.
     
  • La population régionale, active et vigoureuse, élément vital qui met en valeur toutes les ressources de la région, est symbolisée par le rouge vif, entourant la croix et liant tous les éléments.

 

PRÉSENTATION


Depuis ma retraite en 2005, après 35 ans comme professeur de philosophie dans un cégep de ma région, ma vie s'est alors partagée en deux styles de vie axés sur le voyage...

Durant 15 ans, ma vie de retraité s'est ainsi résumée à six (6) mois de sédentarisme pour rendre compte de mon voyage et, en plus, pour préparer le prochain, et un six (6) mois de nomadisme pour réaliser mon projet dans une nouvelle région du monde.

En plus d'avoir réalisé un premier voyage de six (6) mois en Argentine / Chili / Uruguay,  j'en réalisai 14 autres dans divers pays d'Asie, cette région du monde qui m'était jusqu'alors inconnue. Je fus alors sur les routes des 10 pays de l'Asie du sud-est et de ceux du nord-est, dont la Chine, Taiwan, la Corée du Sud et le Japon, puis ces dernières années, surs les routes de l'Inde, du Népal et du Sri Lanka. 

Mais tout cela a pris fin abruptement en mars dernier lorsque le coronavirus a commencé son propre voyage tout autour de la planète, obligeant les humains à remettre à plus tard tous leurs projets et leurs rêves.

En mars dernier, j'ai donc dû cesser mon six mois de voyage prévu en Asie et revenir au pays, où, comme tous mes concitoyens, j'ai dû organiser ma vie comme sédentaire dans ma maison avec uniquement Messenger pour rencontrer virtuellement ma famille et mes amis.

Après quelques mois, le moral étant plutôt à la baisse, en ayant dû remettre mes projets de voyage dans le monde à un avenir indéterminé, j'ai commencé à jongler avec de nouvelles idées. Mes amis Facebook provenant de divers pays, j'ai pensé qu'il serait peut-être intéressant de leur faire connaître ce coin du monde où je vis depuis maintenant 75 ans.

Et un projet a peu à peu pris forme dans ma tête... Pourquoi pas m'organiser un voyage comme je les aime, mais cette fois, sur les routes de ma région natale, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec une incursion dans la région de Charlevoix qui est à l'origine du développement de ma région. Et d'en rendre compte dans mon blogue portant sur mes voyages dans les Amériques.

Ce projet, je l'ai réalisé en auto et en bateau entre août et octobre.  Pour la section du lac Saint-Jean, il est possible d'en effectuer le tour à vélo en empruntant la Véloroute des Bleuets, un parcours de 256 kms.

  • Tour du Lac-Saint-Jean (31 juillet - 06 août)  
  • De Jonquière à L'Isle-Maligne par la rive nord du Saguenay (31 août)
  • Croisière sur le Saguenay entre La Baie et Rivière Éternité (03 septembre)  
  • Tour de la Rivière Saguenay en passant par Charlevoix  (11 - 13 septembre) 
  • De Chicoutimi à L'Anse-Saint-Jean par la Route du Fjord pour une vue automnale (25 septembre)
  • Ville de Saguenay (septembre et octobre)

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Et comme je le fais habituellement, j'ai décidé de commencer cette nouvelle série d'articles par une présentation historique et géographique de cette région située à environ deux cents (200) kilomètres au nord de la ville de Québec, histoire aussi de me rafraîchir la mémoire sur les origines de mon coin du monde .

Les informations colligées dans cet article proviennent de plusieurs articles tirés du Portail du Saguenay-Lac-Saint-Jean dans Wikipedia.

Jacques, de Jonquière en octobre 2020

 

Des infos sur la région

 

  • Le Royaume du Saguenay...

Le Royaume de Saguenay est une légende iroquoienne du Saint-Laurent. Elle a été racontée par Donnacona, chef iroquoien de Stadaconé (Québec) et représentant principal de la province de Canada, à Jacques Cartier, peut-être afin de l'intéresser à établir des relations commerciales avec son peuple.

Il semble se trouver dans ce qu'on appellera plus tard les Pays d'en haut, soit le bassin des Grands Lacs, mais son emplacement exact est sujet à débats. La rivière Saguenay, qui donne son nom à la région et la ville homonymes, est présentée par Domagaya, fils (ou neveu) de Donnacona, comme l'un des chemins y menant. L'accès le plus direct se fait cependant en remontant le fleuve Saint-Laurent puis la rivière Outaouais.

Cette cité somptueuse, où tout est en or, où les gens sont vêtus de soie, stimula fortement le roi de France François Ier à établir une mission de colonisation au Canada : l'expédition Cartier-Roberval de 1541-1543.

 

  • La rivière Saguenay et son Fjord...

 

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Le Fjord de la rivière Saguenay (Pitchitaouichetz en innu : "d'où l'eau sort") se déverse dans le fleuve Saint-Laurent, avec Tadoussac à l'embouchure du Saint-Laurent et du Saguenay.

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La rivière est alimentée par deux lacs importants : le lac Kénogami à l'est et le lac Saint-Jean à l'ouest.

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Le bassin du lac Kénogami ("lac long" dans la langue des Innus ou des Montagnais), reçoit ses eaux de plusieurs rivières provenant de la Réserve faunique des Laurentides, dont, principalement, les rivières Pikauba, Cyriac et Aux Écosses.

Du lac Kénogami, deux rivières alimentent le Saguenay : les rivières Chicoutimi et Aux Sables. Les eaux du réservoir sont retenues par des barrages, dont Portage-des-Roches, Pibrac-Est et Pibrac-Ouest.

La rivière Chicoutimi, utilisée par les Montagnais, constitue le premier portage de la principale voie d’accès au lac Saint-Jean. Au XXe siècle, elle est aménagée de sa source à son embouchure à des fins hydrauliques et hydroélectriques. En plus de constituer la source d’approvisionnement en eau potable des arrondissements Chicoutimi et Jonquière, cette rivière compte six barrages (dont deux (2) centrales hydroélectriques en fonction).
 

  • Lac Saint-Jean et Rivière Saguenay

Le lac Saint-Jean (Piekouagami en innu : "lac plat ou lac peu profond"), le 5e plus grand lac du Québec, est alimentée par une multitude de rivières, dont les principales sont : Péribonka, Mistassini, Mistassibi, Ashuapmushuan, Métabetchouan.

Et le Lac Saint-Jean se déverse dans la rivière Saguenay à la hauteur de la ville d'Alma par la Grande Décharge et la Petite Décharge.

 

La Grande Décharge et le barrage de l'Isle-Malignesag-1 Isle-Maligne-grande decharge (6)

 

La découverte du Saguenay-Lac-St-Jean 

 

  • Bien avant l'arrivée des Européens...

 

Village Ilnu près de Roberval
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Les premiers occupants du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont les Innus ("être humain") ou Montagnais (nom donné par les premiers explorateurs français), qui s'établissent au cours du Ve millénaire av. J.-C.. Vivant principalement de chasse et de pêche, ils sont nomades et se déplacent sur tous les territoires de la région jusqu'à la Côte-Nord. Bien qu'ils soient sur le territoire depuis plusieurs millénaires, leur mode de vie, en symbiose avec la nature, rend leurs traces très discrètes.

À leur arrivée au Saguenay, les premiers européens explorent une contrée pratiquement à l'état vierge.

 

  • La découverte de la rivière Saguenay par Jacques Cartier en 1535  

 

L'embouchure du Saguenay...
C'est ce que découvrit Jacques Cartier en 1535
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Dès 1526, les premiers morutiers et baleiniers européens naviguent dans le golfe du Saint-Laurent et jettent l'ancre aux alentours de Tadoussac bien avant le premier établissement permanent érigé en 1550.

Le 1er septembre 1535 , au cours de son deuxième voyage, Jacques Cartier découvre officiellement le Fjord du Saguenay en mouillant la Grande Hermine, la Petite Hermine et l'Émérillon à Tadoussac, lieu situé à l'embouchure de la rivière.

Les Amérindiens qu'il avait amenés en France à la suite de son premier voyage en 1534, Taignoagni et Domagaya, lui avaient déjà parlé du Royaume du Saguenay. Donnacona, le chef de Stadaconé (Québec), confirmera également ces dires lors de sa visite à François Ier en 1536 (...) Les deux chemins d'accès vers ces terres de l'intérieur du continent « d'où l'eau sort » (saki-nip, Saguenay dans la langue amérindienne) sont la rivière Saguenay et la rivière des Outaouais.

C'est Jacques Cartier qui baptise la rivière Saguenay, le nom donné par les nations autochtones est Pitchitaouichetz. Venu avec le sieur de Roberval en 1542, le pilote Jean Alfonce entreprend d'explorer l'entrée du fjord du Saguenay. La force du courant, qui l'empêche de se rendre bien loin, lui laisse croire que la rivière pourrait être un bras de mer vers l'océan Pacifique.

Peu à peu, la traite des fourrures, découlant d'une demande de plus en plus forte pour les peaux de castors utilisées dans la confection de chapeaux en France, s'intensifie au point d'être la principale activité économique en Nouvelle-France au cours de la seconde moitié du XVIe  siècle, rendant la pêche une activité secondaire.

Malgré ce fort achalandage d'Européens à son embouchure, la rivière Saguenay et son bassin demeurent un mystère pour ces marchands qui concluent entre 1560 et 1565 une entente avec les Kakouchack ou Innus  pour établir une chasse gardée au Saguenay contre un approvisionnement en peaux à Tadoussac. Cette chasse gardée retardera toute exploration supplémentaire de la région avant l'arrivée de Samuel de Champlain au début du XVIIe  siècle.

 

  • L'arrivée des premiers colons français au temps de Samuel de Champlain (1600 - 1660)

 

En 1600, le roi Henri IV change les pratiques commerciales à Tadoussac et offre le monopole de traite à un certain Pierre Chauvin qui, en échange de cette faveur du roi, doit amener de France et implanter 50 colons par année. Chauvin décide d'implanter le peuplement à Tadoussac, cet endroit est décrit plus tard par Samuel de Champlain comme « le lieu le plus désagréable et le plus infructueux qui soit en ce pays ». La première année sera désastreuse pour Chauvin ; l'hiver canadien viendra à bout de 13 des 16 colons français établis sur place. La colonisation est abandonnée dès 1601. Chauvin décède en 1603 à la suite de son dernier voyage au Saguenay.

Tadoussac devient rapidement un lieu d'échange très fréquenté par les Français et les Basques de 1600 à 1660 ; durant l'été, on peut y voir jusqu'à 20 vaisseaux à la fois.

Le monopole d'exploitation de Tadoussac et ses alentours est accordé en 1603 à Aymar de Chaste, qui charge Samuel de Champlain d'explorer le territoire et de lui rapporter le plus d'informations possibles. L'explorateur mouille son bateau la Bonne-Renommée à Tadoussac le 

Trois jours après, Champlain et François Gravé Du Pont se déplacent à ce qui est aujourd'hui Baie-Sainte-Catherine, pour y rencontrer Anadabijou, le Grand Chef  (sagamo) des Montagnais. Avec quelques 80 à 100 membres de sa tribu, il célébrait la victoire de 1 000 guerriers Montagnais, Algonquins et Etchemins sur les Iroquois à l’embouchure de la rivière des Iroquois .

On y signe le Traité de la Grande Alliance le 27 mai 1603. Par ce traité, la France, représentée par Champlain, devient le premier royaume européen à proposer une alliance à la fois militaire et commerciale aux peuples amérindiens . Le terme Grande Tabagie est parfois utilisé pour référer à la fête qui scelle cette alliance .

À la suite de cette victoire, les Montagnais et leurs alliés passent à la défensive dans leurs relations avec leurs ennemis traditionnels, les Iroquois, qui retournaient dans la vallée du Saint-Laurent après en avoir été chassés vers 1570 -1603. En s'alliant contre les Iroquois, les Français s'engageaient dans une longue guerre. Champlain respecte cette alliance en 1609 lors de la bataille du lac Champlain, ce qui envenime la situation. La guerre entre Iroquois et Français allait durer un siècle, jusqu'à la Grande Paix de Montréal  en 1701. 

La portion de la route 138 qui traverse le village actuel de Baie-Sainte-Catherine se nomme maintenant la route de la Grande-Alliance, premier traité entre Français et Amérindiens.

Le , Samuel de Champlain pénètre de 40 à 50 kilomètres dans le fjord du Saguenay jusqu'à Tableau. N'y trouvant pas d'endroit propice à la colonisation, il rebrousse chemin. Il retournera en France le 16 août après avoir exploré le fleuve Saint-Laurent (...) Bien que Québec est fondée en 1608, toutes les marchandises transitant entre la Nouvelle-France et l'Europe sont reçues et expédiées par le port de Tadoussac jusqu'en 1632.

 

  • L'arrivée des premiers missionnaires (1615)

 

Le premier missionnaire du Saguenay est un récollet du nom de Jean Dolbeau, il est de passage à Tadoussac à l'automne 1615 alors qu'il entreprend de suivre des coureurs des bois innus. Cependant, c'est en 1617 qu'est célébrée la première messe à Tadoussac par le père récollet Paul Huet. Les missionnaires sont de passage jusqu'en 1639. De 1625 à 1629, un groupe de jésuites composé des pères Jean de Brébeuf, Charles Lalemant, Ennemont Massé et le frère Gilbert Buret s'installent temporairement à Tadoussac pour tenter d'évangéliser les Kakouchacks du Saguenay.

 

  • Première guerre avec les anglais (1628 - 1632)

 

En 1628, les frères Kirke, des huguenots français à la solde de l'Angleterre, envahissent la Nouvelle-France avec une flotte de neuf navires. L'un d'entre eux, David Kirke, se rend à Tadoussac pour y brûler toutes les barques du port et capturer le plus gros navire. En 1629, les frères Kirke reviennent d'Angleterre avec 14 navires de guerre, Samuel de Champlain est forcé, par la supériorité numérique et militaire de ces adversaires, de donner la reddition de Québec le . La colonisation sera perturbée jusqu'en 1632, année de la reprise du territoire par la France grâce au Traité de Saint-Germain-en-Laye. Tadoussac sera de plus en plus délaissé au profit de Québec après la reprise de la colonisation.

Avant d'intervenir militairement à compter de 1686 dans la région de la baie James, les Français répliquent d'abord en augmentant la présence des Jésuites et des commerçants, qui agissent en tant qu'intermédiaires. Ils créent également une série de postes de traite reliant la baie James et Tadoussac par le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

C'est dans cette expansion de la présence française qu'un poste de traite est établi à Chicoutimi en 1671.

 

  • Le premier européen au Lac-Saint-Jean (1647)

 

Pour qu’un premier explorateur pose le pied sur l’actuel territoire de Chicoutimi ("jusqu'où c'est profond" en innu), il faut attendre le père Jean de Quen. Arrivé à Québec, le 17 août 1635, il fut chargé de l'instruction des enfants français de la ville. En 1638, il se trouvait à la résidence de Sillery avec le père Le Jeune. Les années suivantes, il visita les missions de Tadoussac.

En 1647, à la demande des tribus du Piekouagami (lac Saint-Jean ou "lac peu profond" en innu) atteintes d’une épidémie dévastatrice, il emprunte la rivière Chicoutimi pour se rendre au lac Kénogami puis à l'embouchure de la rivière Métabertchouan et du lac Saint-Jean, appelé Piekouagami du 11 au .

Le 18 juillet, les amérindiens chrétiens élevèrent, en moins de deux heures, une petite chapelle, et le père y célébra les saints mystères, après avoir confessé tous les chrétiens, qui furent ravis de voir leur pays honoré par des mystères si adorables. Supérieur, en 1652, des missions de la Nouvelle-France, il écrivit, en 1656, la relation sur le pays des Iroquois. Il mourut à Québec le , âgé de 56 ans, victime du zèle qu'il avait déployé pendant une épidémie.

 

Jean de Quen, missionnaire récollet,
premier européen à venir jusqu'au Lac-Saint Jean en 1647
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L'Autoroute amérindienne de Tadoussac au Lac-Saint-Jean
au temps de Champlain :

Rivière Saguenay / Rivière Chicoutimi  (Poste de traite de Chicoutimi) /
Lac Kénogami / Rivière Metabetchouan / Lac-Saint-Jean

 

  • La colonisation du Saguenay par les Charlevoisiens (1838)

 

Les débuts de la colonisation du Saguenay se font dans un contexte particulier.

D'une part, les terres cultivable aux abord du Saint-Laurent étaient surpeuplées, poussant la population à se retrancher toujours plus loin dans des territoires non-colonisés. D'autre part, d'un point de vue international, le Royaume-Uni entreprend de se tourner de plus en plus vers ses colonies américaines afin de se doter de ressources forestière, le blocus napoléonien ayant troublé son approvisionnement en bois. La pression commerciale de la métropole a eu pour effet de développer l'industrie forestière tout en encourageant l'exploration et la colonisation de nouveaux territoires reculés.

En 1828, pour répondre à la forte demande d'ouverture de nouvelles régions, l'Assemblée législative du Bas-Canada mandate une commission afin d'évaluer le potentiel colonial du Saguenay. Lorsque le rapport des Commissaires pour explorer le Saguenay est publié en 1828, il suscite l'enthousiasme chez les habitants de Charlevoix :

«Cependant il en a été fait assez pour établir qu'il y a dans les environs du Lac Saint-Jean, sur le Saguenay et sur les autres rivières qui s'y déchargent, une vaste étendue de terre cultivable sur laquelle il serait désirable de former des établissements

Les terres y sont fertiles, le climats propice et les forêts riches. Entre 1829 et 1835 une série de pétitions sont signées dans Charlevoix afin de demander l'ouverture du Saguenay à la colonisation. Malgré la compilation de plus de 2000 signatures, aucune nouvelle n'est donnée quant à l'ouverture de la région à la colonisation.

Un groupe d'investisseurs de La Malbaie, formés entre autres d'Alexis Tremblay et de Thomas Simard, créent la Société des Pinières du Saguenay le 9 octobre 1837, afin de pouvoir exploiter la richesse forestière du territoire. Composée de 21 actionnaires dont la part représente approximativement une action de 100 louis, la société rassemble le montant nécessaire à la mise sur pied d'une entreprise forestière. Elle s'entend avec William Price auprès de qui elle s'approvisionne en matériel et vend le bois coupé.

Le 25 avril 1838, la Société des Vingt-et-un apprête une goélette pour partir à la conquête du Saguenay, alors sous le monopole de Compagnie de la Baie d'Hudson. Cette équipée de 27 hommes fait d'abord escale à l'Anse-aux-petites-Îles, entre Tadoussac et l'Anse Saint-Étienne (Petit-Saguenay), pour y débarquer un groupe de bûcherons, qui y construit le premier moulin à scie sur le Saguenay.

L'expédition ainsi délestée poursuit son chemin jusqu'à l'Anse-au-Cheval, située en face de la Baie Saint-Marguerite, où un second moulin est construit. On y attend le départ des glaces, ce qui prend un mois. Puis, le reste de l'équipage  poursuit son voyage qui l'amène à la colonisation de L'Anse-Saint-Jean et la Baie des Ha! Ha!

Les deux routes menant à la région à partir de Tadoussacsag-1 Baie des Ah! Ah! (37)

Au printemps 1838, ces charlevoisiens recrutés par la compagnie s'installent à Grande Baie sur l'actuel territoire de La Baie, située sur les rives de la Baie des Ha! Ha!, plus particulièrement aux embouchures de la rivière Ha! Ha! et de la rivière à Mars. La société installe progressivement neuf moulins à scie sur le territoire.

La région qui, jusqu'aux années 1840, n'était peuplée que de 1 500 Innus nomades, une cinquantaine de commerçants établis aux postes de traite et quelques missionnaires itinérants, sera fortement transformée par deux nouvelles activités économiques qui éclipseront les pelleteries comme moteur économique régional : l'exploitation des forêts et l'agriculture .

La grande profondeur navigable de la baie des Ha! Ha!, même près de ses rives, a permis de développer rapidement les installations portuaires les plus importantes de la région à la suite de l’arrivée du chemin de fer en 1910.

En 1924, un Monument des vingt-et-un est érigé à Grande-Baie. En 1926, est ajoutée à son sommet, la sculpture d'un semeur représentant Alexis Simard qui aurait défié l’interdiction de la Baie d’Hudson de cultiver. Elle est réalisée par Rodolphe Goffin et Anselme Delwaide, d'après les croquis de l'architecte Armand Gravel.

Le "Monument des Vingt-et-Un"sag-2 la baie (32)

 

Le , soit 175 ans après l'arrivée de la Société des vingt-et-un au Saguenay, une cérémonie protocolaire a lieu au pied du monument.

 

  • La colonisation du Lac-Saint-Jean (1849)

 

Au Lac-Saint-Jean, où le développement survint un peu plus tard qu'au Saguenay, la première paroisse d'importance, Hébertville, fut peuplée à partir de 1849 par la Société des comtés de l'Islet et de Kamouraska sous la houlette du curé Hébert.

Monument dédié au curé Hébert et un colon
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En 1870, le printemps est particulièrement hâtif au Saguenay-Lac-Saint-Jean alors qu'une canicule frappe la région dès le 16 mai. L'après-midi du 18 est très sec et aucun vent ne souffle. Les colons situés à proximité de la rivière à l'Ours (Saint-Félicien) en profitent pour allumer des branches d'arbres accumulées. Lorsque le vent se lève soudainement, les flammes sont poussées vers la forêt qui s'embrase. Le feu est momentanément freiné par un orage, mais le lendemain, il reprend de la vigueur. Pendant plus de sept heures, le brasier fait rage de la rivière Mistassini à la Baie des Ha! Ha!, puis s'estompe lentement. 

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L'incendie fait sept morts et des centaines de blessés. Quelque 555 familles se retrouvent sans abri et 146 autres subissent d'importantes pertes. Les dommages sont évalués à un demi-million de dollars. Le quart de la population de la région reçoit des secours. Différentes collectes sont mises sur pieds et 125 000 $ en argent et en vivres sont récoltés au Québec, en Ontario et aux États-Unis.

Plusieurs scieries sont contraintes à la fermeture et l'économie saguenéenne doit se reconvertir dans l'agriculture, l'industrie laitière et l'expansion de la culture du bleuet." (Gouvernement du Québec)

Les bleuets ou myrtilles ou airelle à feuilles étroites, premières espèces d'éricacées qui poussent après un feu au lac Saint-Jean, sont devenus dominants dans le paysage quelques années après l'incendie. Pendant plus d'un siècle, les bleuets ont donc été présents dans l'alimentation et dans l'environnement de la plupart des familles Jeannoises. Cela a valu aux habitants du Saguenay-Lac Saint-Jean d'être appelés familièrement « bleuets » par les personnes des autres régions du Québec.

La ville de Dolbeau-Mistassini a remporté le titre de Capitale mondiale du bleuet. (...) Plusieurs bleuetières privées ont été emménagées sur le territoire ceinturant le lac. Les activités humaines en lien avec la culture des bleuets génèrent des retombées économiques importantes pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Le développement du Saguenay-Lac-St-Jean 

 

  • L'industrie papetière

L’installation de scieries et l’exploitation du bois pour la pâte à papier, puis les industries papetières permirent le développement économique au début du XXe siècle .

 

Julien-Edouard-Alfred Dubuc  ...
La Pulperie de Chicoutimi (1886)

Le 24 novembre 1886, Joseph-Dominique Guay, maire de Chicoutimi à l’époque, fonde, avec quelques amis, «La Compagnie de Pulpe de Chicoutimi», première compagnie gérée par des canadiens-français œuvrant dans les pâtes et papiers, et construit un moulin sur la rivière Chicoutimi. La richesse forestière immense en amont de la rivière facilite grandement la croissance de la compagnie qui devient, en peu de temps, une exportatrice de pulpe de bois renommée internationalement.

Sous la gestion de Julien-Édouard-Alfred Dubuc, la Pulperie de Chicoutimi prend de l’expansion et, en tout, trois moulins sont construits. La rivière devient un moyen de transport du bois et une source d’énergie suffisante pour que Chicoutimi devienne la capitale mondiale de la pulpe qui fournira l’Angleterre durant la Première Guerre mondiale. La compagnie connaît sa chute à la suite de la guerre, dans les années 1920, et la Pulperie de Chicoutimi ferme en 1930.
 

William Price III  ...
Kénogami (1912) et Riverbend (1925), deux villes de compagnies 

William Price III réussira en quelques années à développer l'entreprise de sa famille. Il débute en faisant l'acquisition de la totalité des actions de la Pulperie de Jonquière, où il installe une première machine à carton puis une machine à papier, qui est la première dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ces premiers tests lui permettent de comprendre que son entreprise doit prendre le virage de la fabrication du papier.

C'est ainsi qu'en 1912, il fonde la municipalité de Kénogami. Cette ville de compagnie abritera ce qui deviendra la plus grande usine de fabrication de papier au monde, avec ses sept machines et 1 800 travailleurs.

En 1925, une autre papeterie conjuguée à une zone urbaine est aménagée dans ce qui deviendra la ville de Riverbend, à proximité de Saint-Joseph-d'Alma. Contrairement à Kénogami, Riverbend reçoit surtout les cadres anglophones et protestants.

Mais William Price n'aura pas la chance de voir ses deux villes à leur apogée. Il disparaît lors d'un glissement de terrain en octobre 1924. Son corps est repêché quelques jours plus tard .


Damase Jalbert ...
L'usine de pâte à papier de Val Jalbert (1907 - 1927)

Si l’histoire de Val-Jalbert s’est terminée en 1927 avec la fermeture du moulin à pulpe, il est devenu une destination touristique incontournable au Saguenay-Lac-St-Jean, parce qu’il offre une multitude d’activités et de services en hébergement et restauration qui sortent de l’ordinaire ! 

 

  • L'industrie de l'aluminium

Au cours des années 1920, les principaux cours d’eau sont harnachés pour la production électrique, ce qui mènera à l’implantation d’alumineries. Celles-ci stimuleront la croissance démographique et économique et la région deviendra un pôle industriel important.

En 1925, la compagnie Alcan (aujourd'hui Rio Tinto) acquiert le Chemin de fer Roberval-Saguenay fondé en 1911.  D'une longueur de 142km, il relie les installations portuaires de Port-Alfred aux alumineries d'Arvida, de Grande-Baie, de Laterrière et d'Alma .

 

Arthur Vining Davis ... 
L'aluminerie d'Alcan à Arvida (1926)

Arvida a été spécifiquement créée pour les besoins de la compagnie Alcoa (devenue ensuite Alcan et maintenant Rio Tinto Alcan), qui y a installé une importante usine de production d'aluminium, longtemps la plus grande du monde.

Arvida tient son nom des initiales du président de la compagnie Alcoa : Arthur Vining Davis. La compagnie Alcan a géré la majorité des aspects de la vie municipale, de l'urbanisme, des services de santé, de l'éducation, des sports et des loisirs de la ville jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Arvida, autrefois surnommée la « Washington du Nord », était un modèle parmi les villes de compagnies planifiées du XXe siècle. Elle a été construite à partir de 1926 pour y loger les ouvriers et cadres de l’aluminerie. C’est l’architecte et « town planner » new-yorkais Harry B. Brainerd qui a dessiné les plans en intégrant les plus récentes théories urbaines de l’époque. Par la suite, la compagnie Arvida Works, filiale de l’Alcoa, et son ingénieur, Harold Wake, se sont chargés de la construction de cet ambitieux projet urbain : une ville dont les 270 premières résidences ont été construites en 135 jours.

Le paysage d’Arvida se distingue par son caractère hétérogène puisque trente-cinq différents types de résidences y ont été construites durant la première année de construction. Pendant cette période, on commençait déjà à expérimenter avec l’usage de l’aluminium dans l’architecture (...)

En 2018, la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, annonce qu'Arvida devient le 13e site patrimonial déclaré par le gouvernement du Québec, qui reconnaît ainsi le patrimoine industriel de l’ancienne ville de compagnie fondée par Alcoa, en 1926, où 270 maisons ont été érigées en 135 jours.
 

Rio Tinto Alcan ...
Les alumineries de Grande-Baie, Laterrière et d'Alma

Rio Tinto Alcan est le plus important producteur privé d'électricité au Québec et deuxième en importance, derrière Hydro-Québec. L'entreprise possède six centrales hydroélectriques installées sur les rivières Saguenay et Péribonka, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. 

Comme ses principaux concurrents, Alcoa et Rusal, Rio Tinto réalise trois activités principales : l'extraction de la bauxite, le raffinage de l'alumine à partir de la bauxite, et la production de l'aluminium à partir de l'alumine. En avril 2009, il possède six mines de bauxite, dix raffineries d'alumine et 23 alumineries. 

 

  • La Grande dépression des années 30

La Grande Dépression des années 1930 touche autant le Saguenay industriel que le Lac Saint-Jean agricole; d'une part les usines réduisent leurs nombre d'employés et l'on assiste à l'effondrement de plusieurs coopératives agricoles.

Dans le domaine des pâtes et papiers on assiste à la fermeture temporaire de l'usine de Port-Alfred au cours de l'année 1931, à la fermeture permanente de la Pulperie de Chicoutimi en 1930 et à une réduction de moitié du nombre de travailleurs aux usines de Jonquière et Kénogami alors que la Price Brothers and Company déclare faillite en 1933.

De son côté, l'Aluminerie d'Arvida réduit sa main-d'œuvre de 60 % et est considérée au bord du gouffre 6 ans après sa construction.

Tandis que des subventions de l'État aident les agriculteurs à s'en sortir, plusieurs grands projets sont financés par le gouvernement dans les villes durant ces années de crise comme le pont Sainte-Anne à Chicoutimi qui est inauguré en 1934. D'autres grandes voies de communications sont améliorés durant cette période comme les routes de terre vers Saint-Siméon (route 170), Saint-Urbain (route 381) et Québec à partir d'Hébertville (route 169).

 

  • La question nationale en 1980 et en 1995

Résultat des deux référendums sur la question nationale :
 

Le OUI pour l'indépendance du Québec

  QUÉBEC La Baie Chicoutimi Jonquière Alma Roberval-Dolbeau
1980 40,4 % 53 % 59 % 61 % 58 % 51 %
1995 49,4 % 70 % 69 % 71 % 73 % 65 %

 

  • Un déluge hors du commun (1996)

Le déluge du Saguenay est le nom donné à une série d' inondations qui ont frappé le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et Charlevoix, au centre du Québec, du 19 au 21 juillet 1996. Elles sont survenues lorsqu'une importante dépression, chargée d'humidité, venant de la côte Est atlantique, est passée sur le sud du Québec. Ce système a donné de 50 à 100mm de pluie sur la plupart des régions de la vallée du Saint-Laurent, mais encore plus dans la région montagneuse qui entoure le Saguenay. Elle est la cause de dix morts (dont deux enfants au Saguenay et cinq automobilistes sur la Côte-Nord ) et plus de 1,5 milliard de dollars canadiens de dommages. Les communautés les plus touchées furent Chicoutimi, Jonquière, La Baie, Laterrière et Ferland-et-Boilleau.

Le débordement de la rivière des Ha! Ha! et celui de la rivière à Mars ont détruit une grande partie la ville de La Baie. La vague de boue a déferlé vers l'embouchure de la baie des Ha! Ha!, détruisant tout sur son passage.

La rivière Chicoutimi fut le second cours d'eau le plus touché. Le débit de la rivière passa subitement de 100  m3 . Le déversement modifia le lit de la rivière et plusieurs habitations se retrouvèrent totalement entourées par la crue, qui emporta plusieurs habitations en les déracinant de leurs fondations. Les débris heurtèrent plusieurs ponts, dont celui du chemin Portage-Des-Roches de Laterrière.

Arrivée en plein centre-ville, dans le quartier du Bassin, la crue contourne le barrage Chicoutimi et dévale sur le quartier. Tous les bâtiments furent emportés sauf la petite maison blanche et l'église. La maison est devenue, plus tard, un symbole pour la région et un musée sur le déluge. Environ 6 000 riverains de la ville de Saguenay furent évacués lors de la crue, dont 4 000 à Chicoutimi et 2 000 à Laterrière.

 

L'église et la "Petite Maison Blanche" de Chicoutimi
 résisteront à l'inondation du secteur.

 

Durant les inondations ... (Photo de La Presse)1996-Inondations-saguenay-La Presse

Après les inondations ... (Photo de Radio-Canada)musee-de-la-petite-maison-blanche

 

  • La naissance de la ville de Saguenay en 2002

2020-Ville de Saguenay

 

ARRONDISSEMENT DE LA BAIE

  • Grande-Baie a été fondée en 1838
  • Bagotville a été fondée en 1838 par Mars Simard
  • Port-Alfred a été fondée en 1918 par Julien-Édouard-Alfred Dubuc et sera fusionnée avec Grande-Baie en 1953

 

En 1976, la fusion de Grande-Baie, Port-Alfred et Bagotville
donnera naissance à  la nouvelle ville de La Baie

 

ARRONDISSEMENT DE CHICOUTIMI

  • Chicoutimi fondée en 1842 par Peter McLeod
  • Laterrière fondée en 1842 par Jean-Baptiste Honorat
  • Canton-Tremblay fondée en 1855

 

 

ARRONDISSEMENT DE JONQUIÈRE

  • Jonquière fondée en 1847 par Marguerite Belley
  • Kénogami fondée en 1912 par William PriceIII 

 

  • Arvida fondée en 1926 par ARthur VIning DAvis

 

En 1975, la fusion de Jonquière, Kénogami et Arvida
donnera naissance à  la nouvelle ville de Jonquière

 

  • Lac-Kénogami, anciennement Saint-Cyriac, fondée en 1888 par Cyriac Buckel
  • Shipshaw occupée depuis 1888 mais érigée en ville en 1930

 

EN CONCLUSION...

NOTRE HISTOIRE EN  RÉSUMÉ 

Film produit par l'abbé Maurice Proulx en 1957
Conservé à la "Bibliothèque et Archives Nationales du Québec"

 

 

Voilà en un bref coup d'oeil, ce que fut l'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ce coin du monde francophone situé au Québec / Canada / Amérique du Nord.

Maintenant que vous connaissez davantage l'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, je vous invite à poursuivre avec moi ma tournée COVID-19 de cette région du Québec, tournée que j'ai effectuée entre août et octobre 2020 en auto et en bateau.

 

À suivre...

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