Nagasaki (2) ... Une ville ouverte sur le monde (1)
Mise à jour en décembre 2021
Nagasaki, Kyushu
16 - 19 mai 2016
Environ 443 400 habitants
L'église St-Philippe
à côté du mémorial des 26 Martyrs catholiques
Nagasaki est mon premier gros coup de coeur japonais.
Après avoir plongé dans la Nagasaki qu'on connaît surtout par le largage de la bombe atomique d'août 1945, ce que je vous ai décrit dans mon premier article sur Nagasaki, c'est avec un coeur plus léger que je suis parti à la découverte des autres attraits de cette magnifique ville, une ville entre mer et montagnes et une ville qui a toujours été ouverte sur le monde.
Deux rivières traversent Nagasaki, l'Urakami et la Nakashima. La plus petite des deux, la Nakashima, est embellie par de nombreux petits ponts de pierre datant du XVIIe siècle, et, comme mon auberge était située dans ce secteur, c'est là que j'ai commencé ma visite de la ville.
La rivière Nakashima et ses ponts de pierre
dans le quartier Teramachi |
Tout près de la rivière, au pied et sur les pentes d'une montagne, on peut visiter une suite de temples bouddhistes et leurs cimetières, signe tangible de l'influence chinoise sur le développement du bouddhisme au Japon.
Des moines bouddhistes venus de Chine
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Le Temple Koei-zan Choshoji (1253)
Garderie sur le terrain du temple
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Le Temple Joanji
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Le Temple Kofukuji (1620)
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Le Temple Suwa-jinja (1625)
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Le Temple Sofukuji (1629)
Une autre influence étrangère importante fut introduite au Japon par l'arrivée, à Nagasaki, des missionnaires catholiques. Et l'on peut retrouver dans la ville plusieurs sites nous rappelant la triste histoire du développement du christianisme dans ce pays.
Un peu d'histoire...
"Fondée dans la seconde moitié du XVIe siècle, Nagasaki était à l'origine un village isolé. C'est l'arrivée d'explorateurs européens au milieu du XVIe siècle, quand un navire portugais s'échoua accidentellement sur les rives de la préfecture de Kagoshima en , qui en provoqua la naissance et l'essor. Le missionnaire jésuite François Xavier arriva au Japon, mais bien qu'il partît pour la Chine en 1551 et y mourût peu de temps après, ses disciples restèrent au Japon et y convertirent plusieurs daimyō (chefs de guerre). Le plus important fut Ōmura Sumitada qui fit un grand profit de sa conversion, car il reçut une part du commerce des navires portugais dans un port qu'ils établirent à Nagasaki en 1571, date de fondation de la ville, avec son accord. En 1580, Ōmura Sumitada céda le port de Nagasaki et les territoires environnants à la Compagnie de Jésus. Le petit village portuaire grandit rapidement, et les produits importés à Nagasaki (comme le tabac, le pain, les beignets —tenpura, les gâteaux et les vêtements occidentaux) furent assimilés dans la culture populaire japonaise — la plupart d'entre eux ont d'ailleurs conservé leur nom d'origine portugaise comme les gâteaux de Nagasaki, les castella. Les Portugais amenèrent aussi avec eux des marchandises d'origine chinoise et les armes à feu. La prospérité de Nagasaki fut menacée en 1587 lorsque Hideyoshi Toyotomi arriva au pouvoir. Le shogun cherchait à la fois à unifier le pays et à lutter contre les puissances religieuses locales. Il s'en prit donc aux Chrétiens qui représentaient à ses yeux une insupportable influence étrangère (...) Quand presque vingt ans après, Leyasu Tokugawa prit le pouvoir, la situation ne s'améliora pas. Le christianisme fut interdit en 1614 et tous les missionnaires furent déportés, ainsi que les daimyō qui ne renoncèrent pas à leur religion. Une campagne brutale de persécution s'ensuivit, avec des centaines de tués ou torturés à Nagasaki et dans d'autres parties du Japon.
Les chrétiens offrirent une certaine résistance, en 1637 lors de l'insurrection de la péninsule de Shimabara, à l'est de Nagasaki. Au nombre de 40 000, ils capturèrent le château d'Hara et humilièrent le daimyō local. En réponse, le shogun envoya 120 000 soldats. Ce fut la fin du bref « siècle chrétien » au Japon. Ils durent pratiquer leur religion en secret, toujours victimes d'inquisitions occasionnelles (...) Après que le commodore Matthew Perry eut débarqué en 1853, le shogunat se désagrégea et le Japon ouvrit alors de nouveau ses portes. Nagasaki devint un port libre en 1859. Avec la restauration Meiji, Nagasaki devait rapidement dominer d'un point de vue économique, notamment grâce à la construction de navires. Lors de la première reconstruction d'une église, des chrétiens japonais sortirent du secret pendant lequel ils s'étaient mis depuis le e siècle : ils furent néanmoins, dans un premier temps, persécutés avant de pouvoir exercer librement leur culte." |
Des missionnaires catholiques
venus du Portugal |
L'église catholique d'Oura construite en 1865
et dédiée au "26 martyrs du Japon"
Le "Mémorial des 26 martyrs",
situé sur la colline où ils ont été crucifiés
L'église St-Philippe ou Nishizaka,
édifiée en 1962 par l'architecte japonais Kenji Imai